Article relevé sur VOSGES Matin du 21 décembre 2011
Eh oui, la neige ne pose guère de soucis à ce rustique montagnard… Son nid est bien dissimulé dans les branches épaisses des résineux la plupart du temps et pendant que les autres animaux peinent à se nourrir, lui n’a aucun problème. Alors, pourquoi ne pas convoler en plein hiver ? Il suffit que la femelle couve avec assiduité pour que ses 3 ou 4 œufs ne soient pas congelés et le tour est joué ! Vous êtes « bluffés » ? Ce n’est pas fini. Cet oiseau magnifique est un condensé d’exceptions.
Le bec déjà ! Vous en connaissez beaucoup du genre ? Une fois croisé à droite, une fois à gauche, il n’y a pas de règle. Pas facile de s’embrasser avec un engin pareil mais il est d’une efficacité redoutable pour extirper les graines des cônes d’épicéas. Plus efficace que les dents de l’écureuil.
En curieux acrobate, le bec-croisé mange la tête en bas, accroché aux cônes. On dirait presque un mini-perroquet. Comme ça n’est quand même pas très confortable, il lui arrive de décrocher le cône complet pour le transporter un peu plus loin. Sa grosse tête et ses pattes solides lui sont alors d’un grand secours.
Vous cherchez les becs croisés ? Si les cônes tombés ont les écailles déchirées, vous êtes sur une bonne piste. Levez la tête et écoutez maintenant : kip kip kip, krip krip krip, la troupe se rappelle. Unique en son genre, le cri annonce les oiseaux souvent de fort loin. Le spécialiste ne les manque pas ! Mais si vous êtes capable de reconnaître le chant du coq, du coucou ou le cri du canard, vous êtes aussi capable d’identifier notre oiseau !
Des sorties guidées
Il est possible de se faire aider sur le terrain. Sur les hauteurs de Saulxures-sur-Moselotte le 29 octobre Oiseaux-Nature faisait découvrir ces acrobates. À la cime d’un frêne, les oiseaux se reposaient. Silhouettes caractéristiques, bien dressées. Les jeunes présentent une livrée verte rayée, tandis que les adultes sont verts pour les femelles et rouges pour les mâles. La fructification des conifères étant abondante, les mâles commençaient à chanter et à s’agiter en prélude à la reproduction. Conditions idéales pour les repérer.
Présents dans les Vosges en ce moment
Profitons-en, ce n’est pas toujours le cas. L’oiseau n’est classable ni chez les migrateurs, ni chez les sédentaires. Les troupes vagabondent au gré de la fructification des épicéas. Et les fruits sont mûrs pour ces arbres qui ne fructifient abondamment que tous les 4 ou 5 ans… Cette année est favorable dans nos montagnes.
Aux quelques oiseaux qui se trouvaient ici dès le printemps dernier se sont joints d’autres, en nombre, arrivés probablement du nord de l’Europe comme c’est souvent le cas. Abondance alimentaire correspond donc à stationnement et nidification.
Une curieuse habitude
Contre le mur des vieilles fermes de montagne, c’est le seul oiseau qui vient régulièrement picorer la chaux et l’argile. Toujours aux mêmes endroits, il revient jour après jour, ce qui l’aide peut-être à digérer les dures graines qu’il a ingurgitées plus tôt. Ce qui permet au curieux de l’approcher de fort près, jusqu’à 4 m parfois s’il est en confiance.
Car une autre caractéristique du bec-croisé est d’être très peu craintif : vivant en haut des résineux, il ne côtoie pas l’homme et n’en a donc pas peur. Profitons aussi des endroits où il vient boire pour l’observer de près… Il aime bien se désaltérer dans un filet d’eau claire, peu profond.
Regardez alors l’état des mandibules de ses jeunes. Droites à leur sortie du nid, elles vont se croiser petit à petit en grandissant. Ce n’est qu’à ce moment qu’ils pourront se nourrir seuls et qu’ils vont, enfin, pouvoir acquérir leur indépendance. En effet, longtemps après leur envol, les jeunes doivent continuer de recevoir leur nourriture et les adultes ne peuvent le faire que par régurgitation. Bon appétit !
En partenariat avec Oiseaux-Nature
Pour visionner les photos de cet oiseau (mettez en mode plein écran pour mieux l'observer) :
http://www.vosgesmatin.fr/fr/loisirs/animaux/article/6192129/Unique-bec-croise.html
Mer 21 Déc - 1:02
