Ils s'appelaient Machi et Gochen. Ils avaient survécu, pendant des années, à des voyages dangereux sur des milliers de kilomètres et à de longs séjours dans des contrées sauvages du Canada et du Brésil. Ils ne sont venus qu'une fois en Guadeloupe.
Mais c'était une fois de trop : le 12 septembre, au matin, ils y ont été abattus.
Ce sont les Américains qui ont fait connaître la nouvelle. Dingue, quand même...
Mais voilà : Machi et Gochen étaient équipés de balises Argos, et ils étaient pistés, via des satellites, par des agents de la CCB (Centre for conservation Biology, université de Virginia Commonwealth). Ils livraient, depuis des années, des informations précieuses sur leurs parcours, des distances de 3 200 km sans arrêt ni repos. Cette collaboration aurait pu durer encore des années, car jamais ils n'auraient dû s'aventurer par ici. Mais sur leur chemin, ils ont rencontré Irène et Maria, et la survie à ces deux tempêtes les a épuisés, au point qu'ils ont fait cette escale, impromptue et fatale. On sait où leur meurtre a été perpétré, dans un marais géré par le Conservatoire du littoral. Mais les auteurs n'ont pas été identifiés.
La mort de Machi et Gochen a profondément peiné les défenseurs de la nature, au-delà des frontières de la Guadeloupe. Peiné, et mis en colère. Ailleurs, tous deux auraient été beaucoup mieux protégés. Mais voilà, les niveaux de protection ne sont pas, ici, les mêmes qu'en Métropole.
Les autorités sont saisies
Les associations de Guadeloupe, Martinique et Guyane - LPO, Amazona, Cepog, le Carouge... ont donc saisi les autorités compétentes et demandé des mesures (lire ci-dessous) pour que d'autres migrateurs, même clandestins, n'y subissent pas le même sort. Pour que la réputation des DFA ne soit pas entachée au-delà.
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9partement_fran%C3%A7ais_d%27Am%C3%A9rique
Certains diront que c'est là beaucoup de bruit pour pas grand-chose, que la mort de deux courlis corlieu, des limicoles migrateurs, abattus par des chasseurs inconnus, ne mérite pas une telle levée de boucliers. Mais c'est oublier ce que ces deux oiseaux ont apporté à la science et ce qu'ils auraient pu continuer à apporter.
- Renforcer la protection
La LPO (Ligue pour la protection des oiseaux-BirdLife France), Amazona (Guadeloupe), le Gepog (Guyane française) et Le Carouge (Martinique) demandent à la ministre de l'Écologie de mettre en place une évaluation scientifique pour :
- Réactualiser le statut des espèces de gibiers en fonction de leur statut de conservation ;
- Adapter la période de chasse aux exigences écologiques des espèces sédentaires et migratrices, notamment en interdisant la chasse en période de reproduction, de dépendance et de migration prénuptiale ;
- Limiter le nombre de jours de chasse par semaine et instaurer des prélèvements maximums autorisés, notamment pour les espèces fragilisées ou fortement chassées.
Ils préconisent par ailleurs une solution à court terme qui serait de suspendre la chasse pour quelques jours lorsque des phénomènes cycloniques épuisent les migrateurs et les forcent à se poser pour se protéger.