Tout le monde peut participer :
Une hirondelle ne fait
pas le printemps, mais il semblerait que le printemps aime moins les
hirondelles. Les effectifs de ces oiseaux parmi les plus communs de nos
contrées semblent en effet décliner. Les comptages estimés en FRANCE montrent un recul depuis 1989 de 41 % du nombre d'hirondelles de fenêtre (Delichon urbicum) et de 12 % pour l'hirondelle rustique (Hirundo rustica). Ces oiseaux migrateurs reviennent au printemps après avoir hiverné en Afrique subsaharienne.
"La situation semble s'être stabilisée depuis 2001, dit Romain Julliard, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle. Mais
cela fait suite à un déclin massif, estimé par les souvenirs des gens
et les traces des nids : on l'évalue dans les cinquante dernières années
à une division par deux des effectifs."
Les données restent cependant très imprécises : on compte ainsi entre
800 000 et 3 millions de couples d'hirondelles rustiques en France,
entre 400 000 et 1 million de couples d'hirondelles de fenêtre.
Comment préciser les connaissances ? En recueillant le maximum
d'informations. Et pour compléter le travail des ornithologues
professionnels, les observations des amateurs sont précieuses. C'est
pourquoi la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a lancé, le 15
mai, une grande enquête de "science participative" sur les hirondelles de fenêtre, enquête à laquelle tout un chacun peut participer. Il suffit de localiser les nids encastrés sous les toits des maisons où les hirondelles nichent.
"MISSIONS PRINTEMPS"
Il faut simplement observer si le lieu est actif - ce qui est facile, étant donné le haut degré d'activité de cet aimable volatile -, noter la date et le lieu, et l'indiquer ensuite sur le site Internet :
http://www.enquete-hirondelles.fr.
"On va poursuivre l'initiative sur deux ans, indique Marjorie Poitevin, de la LPO. A long terme, on voudrait maintenir un observatoire durable." L'opération s'inscrit également dans le cadre des "missions printemps" organisées par le site Internet de la chaîne Arte.
La LPO lance aussi des enquêtes sur les hirondelles rustiques, les
hirondelles de rivage et les hirondelles de rochers. Mais comme ces
différentes espèces sont plus difficiles à observer, cette investigation est plutôt réservée à des ornithologues expérimentés.
Toutes ces données seront très utiles pour mieux comprendre les causes des évolutions d'effectifs, et corriger si possible les facteurs aggravants. "Le déclin des espèces communes inféodées à un milieu résulte de l'intensification agricole depuis cinquante ans, dit Romain Julliard. Le
changement climatique perturbe aussi le comportement des espèces
migratrices comme l'hirondelle. On observe que certaines villes sont
moins accueillantes pour d'autres espèces d'oiseaux communs. Mais il est
difficile de discriminer ces différentes causes."
La situation générale des oiseaux nicheurs est mauvaise : selon la
Liste rouge nationale des espèces menacées, 73 des 277 espèces d'oiseaux
nicheurs en métropole sont menacées, ainsi que plusieurs espèces
migratrices.
Hervé Kempf
LE MONDE, le 22.05.2012
Alors pourquoi pas nous ? qu'en pensez-vous ?